Comme toi, je suppose…
COMME TOI, JE SUPPOSE…

A vous soignants!
C’est si facile l’abus de pouvoir quand je suis couché et toi debout !
Lorsque la souffrance me transperce de partout
Je veux m’exprimer mais j’ai peur de parler…
C’est si simple de soumettre ma volonté par des mots écrasants
Arriver à me faire ressentir le poids d’un silence malfaisant
Dépendant je suis et ma sensibilité suit…
N’oublie pas que j’ai tout un passé derrière moi
Toute une vie où j’ai lutté, aimé, pleuré, créé
Comme toi, je suppose…
Comment me vois-tu ? Moi, le centenaire qui n’arrive plus à manger seul!
Comment me considères-tu ? Moi, qui ai si peur du linceul
Comme toi, je suppose…
Oui, je bave, oui, je suis lent
Mes forces déclinent, j’ai si besoin d’amour
Comme toi, je suppose…
J’ai encore en moi, ma petite flamme qui scintille
Qui attend qu’on lui souffle dessus pour qu’elle brille
Envie de faire de nouvelles connaissances
Pourquoi pas un petit pas de danse !
Envie de voir encore la mer ou la montagne
Cependant la torpeur de l’ennui me gagne
Il arrive qu’on me parle comme si j’avais 5 ans !
Pourtant j’entends, je comprends mais j’ai tellement besoin de temps
Je les vois courir, aller vite, si vite que mon esprit prend la fuite
J’aimerais pouvoir ouvrir mon cœur, déposer mes peurs
Comme toi, je suppose…
Où est donc ma place ?
Je n’arrive plus à voir mon image dans la glace…
Pouvoir dénouer le fil de mes actes
J’ai déjà passé l’entracte…
Un jour ce sera ton tour, soigne-moi s’il te plaît avec amour !
Tu vois, je crois qu’on se ressemble à juste quelques années d’échéance…
Le film de ma vie s’achèvera bientôt, je le sens !
Offre-moi ta compassion pour partir comme le vent
L’âme légère et sereine, je le désire
car on n’apprend nulle part
à mourir…